Emefiele, Bawa : victimes de l'anarchie des dirigeants (1)
Introduction
La politique et le droit constituent depuis toujours un sujet de débat en matière de gouvernance et de leadership. Ce sont des points centraux qui tournent autour de chaque question nationale. L'essence de la loi est de prescrire des normes, des règles et des réglementations établies pour contrôler les affaires au sein de l'État. L'idée moderne de la doctrine de la séparation des pouvoirs que l'on trouve dans l'un des ouvrages de science politique les plus importants du XVIIIe siècle (1748), l'Esprit des lois du baron de Montesquieu (1748), qui déclare que : « Il ne peut y avoir de liberté là où les pouvoirs législatif et exécutif sont réunis dans la même personne ou dans le même corps de magistrats…
[ou] si le pouvoir de juger n’est pas séparé des pouvoirs législatif et exécutif. » Au Nigeria, les pouvoirs constitutionnels en vertu de la Constitution de 1999, telle que modifiée, sont partagés entre les trois branches du gouvernement. Tandis que le pouvoir législatif fait la loi (article 4), l'exécutif met en œuvre les lois (article 5) ; et le pouvoir judiciaire les interprète (article 6). Dans un contexte démocratique, le respect mutuel au sein du gouvernement est très sacro-saint.
Aucune branche du gouvernement n’est autorisée à supprimer, diminuer, intimider ou ridiculiser l’autre dans toutes ses ramifications. L’exécutif a été pendant trop longtemps un fléau pour le législatif ; mais cela ne peut pas être comparé à l’affront qu’il manifeste contre le pouvoir judiciaire et les Nigérians ordinaires. Il n’est pas étonnant qu’Alexander Hamilton ait noté ainsi : « … On peut véritablement dire que le pouvoir judiciaire n’a ni FORCE ni VOLONTÉ, mais simplement du jugement ; et doit en fin de compte dépendre de l’aide du pouvoir exécutif, même pour l’efficacité de ses jugements.
Cependant, je n’ai jamais été un disciple ni un adhérent de la citation ci-dessus, car je crois que même en silence, le pouvoir judiciaire reste le bouclier de tous – y compris de l’exécutif et du législatif. L’État de droit au Nigeria a souffert de nombreuses aberrations, la plus grave étant la désobéissance effrontée aux ordonnances de la Cour.
Dans l'affaire Gouverneur militaire de l'État de Lagos c. Ojukwu SC (1986) 2 LLER 2 ; Tous les NLR 233, l'hon. Le juge Mohammed Lawal Uwais, JSC (comme il était alors), sur les dangers inhérents au mépris de l'état de droit par le gouvernement, a dit ceci : « Si les gouvernements traitent les décisions des tribunaux avec légèreté et mépris, la confiance des citoyens dans les tribunaux sera sérieusement érodée et cela aura pour effet le début de l'anarchie en remplacement de l'État de droit. S’il y a quelqu’un qui doit se méfier des ordonnances des tribunaux, ce sont bien les autorités ; car ils ont, plus que quiconque, besoin de l’application de l’État de droit pour pouvoir gouverner correctement et efficacement.
Dans le même esprit, Lord Atkins dans LIVER-SIDGE vs. ANDERSON (1942) AC 206, était d'avis ainsi :
« Au milieu du fracas des armes, les lois ne restent pas silencieuses. Ils ont peut-être changé, mais ils parlent le même langage en temps de guerre et en temps de paix. Cela a toujours été l'un des piliers de la liberté, l'un des principes de liberté pour lesquels, depuis peu, nous luttons aujourd'hui pour que les juges ne respectent pas les personnes et se dressent entre le sujet et toute tentative d'empiétement sur sa liberté par l'exécutif, alerte veiller à ce que toute action coercitive soit justifiée par la loi ».
De nombreux exemples montrent la désobéissance persistante aux ordonnances de la Cour de la part du pouvoir exécutif du gouvernement. Le pouvoir exécutif est depuis devenu comme des sorciers et des sorcières, opérant dans un sombre coven chassant certaines personnes ciblées, au mépris flagrant des ordonnances qu'un tribunal aurait pu rendre.
Les récentes difficultés de l’ancien président exécutif de l’EFCC, Abdulrasheed Bawa, et de l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria (CBN), Godwin Emefiele, ne sont pas loin d’une chasse aux sorcières, frisant l’anarchie et la coquinerie palpables de l’exécutif. Il est en effet pitoyable qu’après tous les maux perpétrés par l’administration dirigée par Mohammadu Buhari, seuls ces deux-là aient été choisis pour devenir des VICTIMES EXÉCUTIVES.
Abdulrasheed Bawa : Quelle est son infraction ?